Denis Bouvier est à la fois architecte et président de Groupe-6 depuis 2017, une agence d’architectes née à Grenoble il y a plus de 50 ans. Il est l’auteur de grands projets de santé, de laboratoires de recherche et de sièges sociaux, dont notamment les Centres Hospitaliers de Rennaz, en Suisse (2019) et d’Arras (2008), les laboratoires du CRBS à Strasbourg (2021) et du LMA à Marseille (2015), et du siège de Schneider Electric à Grenoble (2020).
La pérennité du langage architectural est essentielle et le public ne s’y trompe pas.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai fait mes études d’architecture à l’INSA à Strasbourg. Après un crochet en Espagne de quelques années, je suis rapidement arrivé à Grenoble pour intégrer Groupe-6 où je me suis immédiatement senti en phase avec les valeurs et la philosophie. La rencontre avec les fondateurs et les équipes en place à l’époque s’est présentée à moi comme une évidence, je dirais même qu’elle figure parmi les rencontres de ma vie.
Pouvez-vous nous présenter Groupe-6 ?
C’est aujourd’hui l’une des plus grandes agences françaises (150 collaborateurs), fondée à Grenoble en 1970 dans le sillage des Jeux Olympiques, qui présente la spécificité d’être présente à la fois à Paris et en région. Je suis un inconditionnel des productions de la première heure de l’agence, notamment celles des années 70, à la fois libres et indépendantes des modes de l’époque tout en étant très qualitatives.
Nous sommes fiers de compter à notre actif quelques très belles réalisations en termes d’architecture régionale, comme l’Hôpital Thermal d’Uriage, le musée de Grenoble, la caserne de Bonne ou encore le Mémorial de Vassieux, une réalisation de notre patrimoine XXème siècle. La force de cette agence repose sur son noyau fondateur, six personnalités très affirmées et dotées d’un talent fou qui ont réussi à rester unis dans le temps, se renouveler, et transmettre avec élégance. Nous sommes des acteurs de longue date du territoire, un sujet ancré dans notre ADN. Un territoire qui nous interroge et que nous contribuons à façonner avec passion.
Depuis quand travaillez-vous avec EDIFIM ?
Notre collaboration date d’une dizaine d’années.
Quelles sont les valeurs que vous partagez avec EDIFIM ?
Nous avons en commun le goût du challenge. C’est à chaque fois la complexité de la tâche qui nous pousse à nous dépasser. La pérennité par la qualité est notre réponse commune pour construire le patrimoine de demain.
Quelles sont vos plus belles collaborations avec EDIFIM ?
Paradoxalement, ce ne sont pas des projets de grande envergure, mais pour lesquels nous avons été primés aux Pyramides d’argent, une cérémonie organisée par la FPI des Alpes, ce qui contribue à la fierté de notre association avec EDIFIM. Le premier, Les Ricochets à Coublevie (proche de Voiron), a reçu le prix du Grand Public. Il s’agit d’une réalisation d’habitat intermédiaire qui propose une alternative à la maison individuelle, alliant développement raisonné et harmonie avec le paysage dont la forme « heptagone » irrégulière des bâtiments permet un choix d’orientations pour chaque foyer. Le second est un projet grenoblois livré au premier semestre 2023, Le Métronome, une petite résidence de neuf appartements, d’architecture classique avec de beaux matériaux et de la terre cuite en façade, qui donne le sentiment d’avoir toujours été là. Pour cette réalisation nous avons reçu la Pyramide de l’Innovation Industrielle, qui célèbre l’originalité des concepts de construction, l’adoption de matériaux novateurs et durables, les approches de construction, ainsi que les méthodes de mise en œuvre.
Quels sont les aspects les plus gratifiants de votre métier ?
Réussir le challenge d’allier modernité et pérennité, un véritable défi à l’ère de l’immédiateté. Livrer des espaces à vivre agréables et bien intégrés qui se mettent au service du bien-être de ses occupants et dans lesquels nous même en tant qu’architectes pouvons nous projeter est à chaque fois une réelle satisfaction.
Comment percevez-vous le rôle des architectes dans la préservation du patrimoine et de l’environnement ?
Nous devons veiller à ne pas céder aux dictats de la modernité, qui a parfois l’arrogance de croire qu’elle se suffit à elle-même. Il faut savoir regarder les belles expériences du passé pour en tirer les enseignements et les intégrer dans nos constructions, tout en ayant une veille d’innovation. De la même manière, renouer avec l’environnement et l’écologie, retrouver des rapports d’équilibre entre la nature et la ville est au cœur de nos préoccupations. Trouver le bon dosage entre tradition et progrès, fonctionnalité et esthétique est ce qui fait le sel de notre métier.
Propos Recueillis par Editions Cosy